La recherche
Les médecines parallèles dans la SEP: une alternative valable ?
Le recours aux médecines parallèles dans la sclérose en plaques est fréquent mais reste controversé. Comme ces traitements alternatifs sont utilisés seuls, ou en combinaison avec des traitements conventionnels, il est intéressant de s'interroger sur leur signification et sur leur place réelle dans le traitement global de la sclérose en plaques.
Que sont les traitements alternatifs ?
Il s'agit de traitements réputés efficaces dans certaines maladies ou contre certains symptômes particuliers, sans que leur efficacité ait été réellement prouvée et sans la démonstration que leurs éventuels effets secondaires sont acceptables.
Dans la sclérose en plaques, on peut diviser schématiquement les traitements alternatifs en deux groupes : ceux qui pourraient agir sur l'évolution de la maladie et ceux qui pourraient être actifs sur certains symptômes bien définis.
Dans tous les domaines de la médecine, les nouveaux médicaments font l'objet d'études cliniques pendant plusieurs années et leur efficacité clinique doit être démontrée de manière convaincante pour une indication précise, avec démonstration que les effets secondaires sont limités et acceptables. Pour les traitements alternatifs, la démonstration de leur efficacité est beaucoup plus ténue : ils sont utilisés sur base de quelques expériences positives, sans données précises quant à leur mode d'action, leur efficacité et leurs effets secondaires.
Fréquence d'utilisation des médecines parallèles
Les traitements alternatifs, dérivés des médecines parallèles sont surtout utilisés dans des affections pour lesquelles il n'existe pas encore un traitement complètement efficace. C'est donc pour ces maladies, surtout quand elles sont chroniques et incurables, que l'on aura recours rapidement à des traitements dont l'efficacité n'est cependant pas prouvée. Un grand nombre de personnes souffrant de sclérose en plaques (50 à 60 %) ont donc recours durant l'évolution de leur maladie à de tels traitements alternatifs, soit de manière épisodique, soit parfois pendant de longues périodes.
Dans une étude allemande portant sur 254 personnes souffrant de sclérose en plaques, les personnes ayant recours à des traitement alternatifs étaient âgés en moyenne de 44 ans avec une durée moyenne de la maladie de 8 ans. Leur échelle d'invalidité, mesurée par l'EDSS (Expanded Disability Scale Score) était de 4, ce qui signifie qu'ils étaient encore capables de marcher 500 mètres sans avoir recours à une aide. Le sexe, l'éducation, les croyances religieuses ne jouaient aucun rôle dans ce recours aux médecines parallèles.
En moyenne, les patients ayant recours à des traitements alternatifs avaient une maladie d'une durée plus longue, un handicap plus sévère, et étaient plus âgés que les personnes n'utilisant pas de tels traitements.
Quels sont les traitement alternatifs existant dans la sclérose en plaques ?
Il est impossible d'établir une liste complète de tous les traitements alternatifs qui ont été proposés dans la sclérose en plaques. En ce qui concerne les traitements recommandés pour modifier l'évolution à long terme de la maladie, il existe des régimes, par exemple riches en acide gras polyinsaturés ou en antioxydants. D'autres traitements sont surtout recommandés pour diminuer certains symptômes de la maladie : immersion en eau froide, acupuncture, yoga... Enfin, il existe des médications alternatives qui pourraient agir à la fois sur l'évolution de la maladie et sur ses symptômes : le cannabis, la vitamine D, le gingko biloba. Certains de ces traitements paraissent prometteurs, d'autres sont nocifs, mais dans tous les cas leur efficacité est insuffisamment démontrée.
Les traitements alternatifs sont-ils utiles ?
Certains de ces traitements alternatifs pourraient certainement être utiles, mais hélas leurs effets positifs n'ont jamais été prouvés. Pour la plupart de ces traitements, il n'y a jamais eu d'études réalisées; pour d'autres, les études réalisées n'ont apporté que des preuves insuffisantes d'une efficacité thérapeutique.
Les traitements alternatifs sont-ils nocifs ?
Comme non seulement les effets positifs, mais aussi les effets secondaires possibles des traitements alternatifs n'ont pas été étudiés suffisamment, il n'est pas exclu que certaines thérapeutiques parallèles soient nuisibles. En plus d'un effet nuisible direct, il existe aussi le danger que l'usage incontrôlé de ces traitements alternatifs puisse devenir par lui même dangereux. Par ailleurs, le coût de ces traitements est souvent trop élevé par rapport à l'effet favorable que l'on pourrait en attendre.
Conclusion
L'utilisation de médications relevant de médecines parallèles dans le traitement de la sclérose en plaques est largement répandue. Il n'est pas exclu que certaines de ces médications puissent effectivement moduler l'évolution de la maladie, ou soulager certains symptômes particuliers. Il serait tout à fait raisonnable que ces traitements alternatifs fassent l'objet des mêmes études et doivent répondre aux mêmes critères d'efficacité que les traitements médicaux classiques avant d'être utilisés souvent de manière incontrôlée.
Texte : BD, Traduction : CS, Mars 2005